Reportage
LA TOUR PHARE
J’ai eu l’occasion d’assister il y a quelque temps à l’exposition sur la Tour Phare, au CNIT de la Défense, exposition qui, d’ailleurs, a pris fin le 2 janvier 2012. J’ai également eu la chance, d’assister ensuite en compagnie d’autres bloggeurs, à une présentation détaillée du projet, réalisée par l’équipe de Unibail (promoteur de la tour). Je vous propose donc un tour d’horizon du projet et de l’exposition.
L’EXPOSITION
Afin de présenter le projet aux riverains, aux employés du quartier de la Défense, mais aussi aux touristes, Unibail a créé une exposition complète et interactive. L’exposition qui s’est terminé le 2 janvier a été installé au centre commercial du CNIT, à la Défense. Elle présentait sous forme de maquettes, d’animations et de panneaux d’informations, le projet et son intérêt.
Une telle initiative de la part du promoteur est généralement nécessaire, car elle permet à la fois de présenter la tour, mais aussi de lever des doutes sur certaines interrogations que peuvent avoir les riverains.
LA TOUR PHARE, UN PROJET AMBITIEUX
Depuis quelques années, l’EPAD (Établissement Public Pour l’Aménagement de La Défense) souhaite un renouveau du quartier d’affaires de la Défense, et notamment avec le projet Défense 2015. Ce renouveau se traduit par l’ajout d’espaces publics mais aussi, bien sûr, de nouvelles tours. Ainsi, en 2006, l’EPAD confie à Unibail Rodamco la construction d’un immeuble de très grande hauteur dans la partie nord du quartier. Unibail lance alors une consultation internationale auprès des 10 plus grands architectes de notre époque : Jean Nouvel, Norman Foster, Fourier, Michelin… Le 26 novembre 2006, le choix est fait : se sera Thom Mayne du cabinet Morphosis qui construira le gratte-ciel. Et ce building sera la tour Phare : un projet ambitieux, car non seulement il s’agira de la plus haute tour de France, mais il s’agira également d’un symbole du renouveau économique de l’agglomération Parisienne, et d’un véritable défi technique !
En effet, la tour se situera sur ce qu’on peut qualifier d’un véritable gruyère : boulevard circulaire, parkings souterrains, voies ferrés de la future gare TGV/ Tramway/ RER, bref, les fondations de l’immeuble devront côtoyer un environnement déjà très dense ! L’EPAD a également imposé dans le cahier des charges, la traversé du site de construction de la tour, par la passerelle Carpeaux qui relie le parvis et la zone résidentielle. Cette passerelle ou transite chaque jour près de 30 000 personnes, est d’ailleurs en partie à la source du choix de la forme de la tour. En effet, la structure est divisée en 2 parties, c’est-à-dire en forme de trapèze, et ceci afin de laisser passer la passerelle.
UN PROJET QUI A SES OPPOSANTS
Un tel projet a évidemment ses opposants. En effet, de nombreux riverains sont totalement contre la construction de la tour, notamment pour des raisons d’accès (8500 personnes supplémentaires à acheminer chaque jour dans une zone déjà très fréquentée) et pour des raisons… d’ensoleillement ! En effet, du fait de sa hauteur et de sa forte proximité avec les quartiers pavillonnaires, le gratte-ciel pourrait faire de l’ombre aux maisons environnantes. Ainsi, un diagnostic d’ensoleillement (réalisé par le bureau d’études ESTIA) a été proposé aux riverains vivant dans un périmètre de moins de 600 mètres autour de la Tour Phare. Des réunions avec les riverains ont également été organisées et l’exposition au CNIT a permis de répondre aux questions de nombreuses personnes.
Malgré les plaintes d’habitants de quartiers environnants, la tour sera tout de même construite. Cette tour est en effet un enjeu national, et va permettre (avec d’autres projets), de redynamiser le quartier de la Défense et plus généralement, l’agglomération Parisienne.
UN NOUVEAU MODELE DE TOUR
Outre les différents exploits architecturaux, l’architecte Thom Mayne réalise également une tour très différente de ses voisines de la Défense. En effet, l’idée est d’améliorer les conditions de travail des occupants, de rendre plus agréable les lieux publics, de créer des espaces de rencontre et d’échange et d’avoir une tour respectueuse de l’environnement.
Ainsi, les 8500 occupants de la tour disposeront de plusieurs terrasses panoramiques (culminants au 11e, 27e et 66e étage), d’un restaurant gastronomique au 66e étage et de 7000 m² de commerces. De longs escalators donneront accès à un vaste atrium situé entre le 9e et 28e étage, et des ascenseurs permettront d’accéder au sommet de la tour en moins de deux minutes ! Afin d’améliorer l’environnement extérieur de la tour, des cafés et des zones vertes seront également construits à la base de la tour.
La Tour Phare sera également respectueuse de l’environnement : elle vise les certifications HQE, LEED et BREEAM. Les caractéristiques de la Tour Phare lui permettront de devenir un bâtiment basse consommation, situé à 50% en dessous du seuil maximum de la réglementation.
La tour sera couverte sur la façade sud d’une double peau, protégeant ainsi la façade exposée aux reflets du soleil pour limiter l’utilisation des climatiseurs. La façade nord en revanche ne sera pas recouverte afin de laisser pénétrer la lumière et réduire les besoins en éclairage artificiel.
Des escaliers de convivialité sont également prévus pour permettre de relier les étages, ainsi les utilisateurs de la tour pourront passer d’un étage à l’autre sans utiliser l’ascenseur. Chaque étage est indépendant énergiquement et un système de détection de la lumière naturelle sera mis en place afin de limiter la consommation électrique.
LA SECURITE
La sécurité dans ce type de bâtiment est bien sur un élément important à appréhender. En effet, en cas d’incendie, comment évacuer une tour de 300 mètres, et comment en protéger les occupants ?
On a vu par le passé, notamment lors des attentats du 11 septembre 2001, qu’il arrive parfois que les personnes des derniers étages soient bloquées par le feu, les laissant pris au piège des fumées mortelles et des flammes. Dans toutes les tours, le noyau sert à l’évacuation et a une fonction de structure porteuse. Ce noyau est la structure centrale de la tour, là où sont notamment installés les ascenseurs et les escaliers d’évacuation. Dans le World Trade Center, les occupants des derniers étages n’ont pas pu emprunter ce noyau car il avait probablement été endommagé lors du crash de l’avion. Dans la Tour Phare, en excluant l’hypothèse d’une destruction du noyau par un avion, ce dernier peut normalement « résister » pendant 2 heures au feu, soit largement assez de temps pour faire sortir les occupants de la tour. En cas d’incendie, les premières personnes à être évacuées sont les employés localisés en haut de la tour puis, ceux situés en dessous de l’incendie. Afin de se préparer à de telles éventualités, les occupants effectueront chaque année un exercice de sécurité simulant une évacuation. Les pompiers locaux seront également formés à une intervention dans cette tour, afin de leur permettre de connaître le terrain. Enfin, la dalle (parvis de la tour), sera directement accessible aux pompiers afin de permettre une intervention la plus rapide possible.
CHRONOLOGIE DE L’OPERATION
CONCERNANT LE CABINET MORPHOSIS ET UNIBAIL
Le cabinet Morphosis a été fondé par Thom Mayne et Michael Rotondi en 1975 à Santa Monica, en Californie. Depuis 1999, le cabinet est dirigé seulement par Mayne. Thom Mayne est l’un des membres fondateurs du Southern California Institute of Architecture (SCI-Arc), il a enseigné à la Columbia University, à Harvard (chaire Elliot Noyes, 1998), à Yale (chaire Eliel Saarinen, 1991), au Berlage Institute en Hollande et à la Bartlett School of Architecture de Londres. Actuellement, il est professeur des projets architecturaux à l’école d’art et d’architecture de la UCLA, à Los Angeles. Avec Morposhis, Thom Mayne a remporté de nombreux prix d’architecture, notamment les 20 Progressive Architecture Awards et 43 AIA Awards. Parmi les réalisations de Thom Mayne, on distinguera le Federal Building à San Francisco, le Caltrans District 7 Headquarters à Los Angeles, ou encore le Hypo Alpe-Adria Center, Klagenfurt (Autriche).
La société Unibail Rodamco est quant à elle le premier groupe coté de l’immobilier commercial en Europe, présent dans 12 pays de l’Union Européenne. Créée en 1968, le groupe s’est spécialisé dans la gestion, la promotion et l’investissement des grands centres commerciaux (centre commercial des 4 Temps, la Part Dieu, la Toison d’Or, …) situés dans les villes majeures d’Europe. Unibail est également un grand constructeur de tours, avec notamment à son palmarès la Tour Ariane, le Cnit, le Galilée, le Sextant, le 7 Adenauer, la Tour Part-Dieu, la Tour Oxygène et dans un futur proche, la Tour Phare, la Tour Triangle ou encore la Tour Majunga !

Charles LAMY, Directeur développement France du Cabinet Morphosis - Crédit photo : Samuel Cour / Gratte-Ciel Info
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier l’équipe d’Unibail Rodamco pour leur invitation et pour avoir répondu à mes questions. Je remercie également Charles LAMY pour sa présentation passionnante du projet.